Revue de presse n°2 - Meta va entraîner son IA avec nos publications, OpenAI développe un réseau social
Une sélection des nouvelles importantes en intelligence artificielle pendant la semaine du 14 au 20 avril 2025.
Bienvenue dans la deuxième revue de presse de Réalité artificielle. Je publie chaque dimanche une sélection des derniers développements importants en IA. Bonne lecture!
📰 À lire
Meta va entraîner son IA avec nos publications
L’entreprise Meta, qui possède Facebook, Instagram, WhatsApp et Threads, a annoncé lundi qu’elle va bientôt analyser toutes les images, vidéos, légendes et commentaires publics de ses utilisateurs et utilisatrices en Europe afin d’entraîner son intelligence artificielle. Les noms réels, les pseudonymes et les photos de profil seront aussi examinés, tout comme les interactions avec Meta AI. Les données publiques des comptes des personnes de moins de 18 ans ne seront pas utilisées à des fins d’entraînement, précise la multinationale.
Les utilisatrices et utilisateurs de Meta en Europe ont commencé à recevoir des notifications dans les applications et par e-mail les informant de cette décision. Ces messages contiennent également un lien leur permettant de s’opposer à ce que leurs données soient analysées. Pour ce faire, ils doivent remplir un formulaire en ligne.
Selon l’entreprise, «cet entraînement permettra de mieux soutenir des millions de personnes et d’entreprises en Europe, en apprenant à nos modèles d’IA générative à mieux comprendre et refléter leurs cultures, leurs langues et leur histoire».
Cette annonce arrive près d’un an après la première tentative de Meta d’entraîner son IA avec les publications de ses utilisateurs européens. L’entreprise avait envoyé un e-mail en mai 2024 pour les informer de cette nouvelle pratique, provoquant une levée de boucliers de la part d’internautes et d’avocats qui l’ont accusée de violer les lois européenne et suisse sur la protection des données. L’ONG autrichienne None Of Your Business, qui oeuvre notamment pour l’application du Règlement général sur la protection des données (RGPD), avait déposé plainte contre Meta auprès de onze autorités nationales de régulation.
Deux semaines après cette annonce, Meta avait décidé de renoncer temporairement à entraîner son IA avec les contenus publiés par ses utilisateurs européens suite à une requête en ce sens de la Commission irlandaise de protection des données (IDPC), agissant au nom de l’Union européenne. Dans un communiqué, la multinationale indiquait toutefois son intention de continuer de travailler avec l’IDPC pour pouvoir, à terme, étendre l’entraînement de son IA en Europe. Un avis favorable rendu en décembre par le Comité européen de la protection des données a donné à Meta le feu vert qu’elle espérait.
OpenAI développe un réseau social
L’entreprise américaine OpenAI, propriétaire de ChatGPT, est en train de développer un réseau social similaire à X, a révélé The Verge mardi. Le projet, qui en est encore à ses débuts, pourrait être centré autour de la génération d’images tout en y ajoutant des interactions sociales.
OpenAI, qui a déployé cette semaine o3 et o4-mini, deux nouveaux modèles qui imitent le raisonnement humain pour résoudre des tâches complexes d’analyse visuelle et de programmation, pourrait se positionner en concurrent direct de X et de Meta avec ce nouveau réseau social. Le CEO d’Open AI, Sam Altman, avait d’ailleurs annoncé en février que son entreprise allait «peut-être faire un réseau social» après avoir appris que Meta était en train de préparer une application dédiée à Meta AI pour concurrencer ChatGPT.
Pourquoi l’entreprise dirigée par Sam Altman se lance-t-elle dans la création d’un réseau social, alors que son objectif affiché est d’atteindre l’intelligence artificielle générale, une technologie capable d’effectuer quasiment n’importe quelle tâche aussi bien que les humains, voire mieux qu’eux? Très probablement car cela lui permettrait de récolter de nombreuses données d’utilisateurs qui pourront être utilisées pour améliorer ses modèles d’IA. L’homme d’affaires Elon Musk a récemment effectué une démarche similaire avec son entreprise d’intelligence artificielle xAI, qui a racheté X (et ses montagnes de données) pour 33 milliards de dollars.
Un réseau social permettrait également à OpenAI de vendre des espaces publicitaires, touchant ainsi de nouvelles sources de revenus grâce à ses chatbots.
Apple va analyser des données privées pour améliorer son IA
Afin de rattraper ses principaux concurrents en intelligence artificielle, tels que OpenAI et Google, Apple va commencer à analyser des données qui se trouvent sur les appareils de ses utilisateurs.
Jusqu’à présent, Apple utilisait des données synthétiques (qui imitent des données réelles) pour entraîner ses modèles d’IA, en plus des données achetées à des entreprises tierces et celles obtenues en libre accès sur internet. L’avantage des données synthétiques est qu’elles n’incluent pas de contenus personnels, respectant ainsi la vie privée des utilisatrices et utilisateurs. Le désavantage est qu’elles peuvent être moins pertinentes que des données privées, ce qui peut ralentir l’entraînement des modèles et produire des réponses moins précises.
Apple va désormais comparer ces données synthétiques à des extraits d’e-mails d’utilisateurs qui se trouvent dans l’application Mail sur iPhone, iPad et Mac pour vérifier la pertinence des données et ajuster ainsi ses modèles d’IA.
L’entreprise va déployer ce nouveau système dans la prochaine version beta d’iOS et iPadOS 18.5 et macOS 15.5.
🎥 À regarder
L’informaticien Shahram Izadi, un employé de Google, a présenté la nouvelle plateforme de réalité étendue (extended reality) Android XR lors d’une présentation Ted qui a été diffusée vendredi sur Youtube.
La réalité étendue est un terme qui englobe les technologies immersives de réalité augmentée, de réalité virtuelle et de réalité mixte. Ces réalités fusionnent le monde réel et le monde numérique pour assister les utilisateurs dans divers tâches ou pour proposer des nouvelles expériences de divertissement, par exemple dans les jeux vidéo.
Au début de sa conférence, Shahram Izadi explique que l’intelligence artificielle a permis des évolutions fondamentales dans la réalité étendue, notamment grâce aux grands modèles de langage (tels que Gemini de Google ou ChatGPT d’OpenAI) qui permettent aux programmes de mieux comprendre le langage naturel et les images.
Selon lui, l’union entre l’intelligence artificielle et la réalité étendue représente le deuxième acte de la révolution informatique car les utilisateurs peuvent désormais interagir différemment avec la technologie. Les ordinateurs deviennent plus légers, plus personnels, ils partagent notre point de vue, ils comprennent notre environnement et nous interagissons avec eux de façon conversationnelle.
L’informaticien et sa collègue Nishta font alors la démonstration d’une paire de lunettes de réalité augmentée. Ces lunettes sont équipées d’une caméra, de micros, d’écouteurs et d’un écran miniature. Elles sont connectées au téléphone de l’employée de Google, ayant ainsi accès à ses applications. L’intelligence artificielle Gemini voit et mémorise ce que Nishta voit et répond à ses questions en temps réel. Ils montrent alors à l’audience plusieurs fonctionnalités d’Android XR.
Dans la deuxième partie de la vidéo, un collègue de Shahram Izadi nommé Max fait la démonstration d’un casque de réalité virtuelle. On voit notamment que l’IA comprend tout ce qui est affiché sur l’écran de Max, que ce soit une vidéo, une carte géographique ou un jeu vidéo, et qu’elle peut répondre à des questions précises sur ces contenus.
Ces lunettes et ce casque de réalité étendue proposent des fonctionnalités intéressantes mais elles représentent aussi une nouvelle forme d’intrusion dans notre vie privée. Les personnes qui utiliseront ces objets vont filmer leur famille, leurs amies et amis, leur appartement ou leur maison. Les micros analyseront toutes leurs conversations. Et ces données privées seront potentiellement accessibles aux entreprises propriétaires de ces technologies, qui dans certains cas les partageront avec d’autres sociétés, voire avec des agences gouvernementales.
Se posent alors des questions importantes: sommes-nous prêt à renoncer à notre vie privée pour avoir accès à de nouvelles fonctionnalités informatiques? Est-ce un juste prix à payer ou sommes-nous surtout en train de fournir de nouvelles données aux entreprises de la tech pour qu’elles puissent continuer de s’enrichir en nous surveillant? Quels sont les droits de ces sociétés sur nos données? Combien de temps les conservent-elles? Qui y a accès? À qui les transfèrent-elles?
🔈 À écouter
L’auteure et réalisatrice Naomi Klein a interviewé le journaliste Paris Marx au sujet du «coup d’État» que des entreprises technologiques américaines sont en train de commettre aux États-Unis à l’aide de l’intelligence artificielle.
«US tech is being used to create a dystopian surveillance state.»
«La technologie américaine est utilisée pour créer un État de surveillance dystopique.»
- Naomi Klein
Merci d’avoir lu la deuxième revue de presse de Réalité artificielle! Bonne semaine et à dimanche prochain.